[Baptême] Kylian & Alisa-Nebisa

Trois ans, quelques mois, & quelques jours...

Ce temps là, elle l'avait attendu également, & avec quelle impatience. Chaque fois qu'elle souhaitait procéder à ce baptême, quelque chose s'interposait dans ses plans, & elle ne pouvait qu'espérer trouver enfin un moment propice. Cette fois-ci, elle profitait du désir de Kylian d'entrer dans la communauté aristotélicienne pour organiser une double cérémonie avec l'aide de Monseigneur Eloin & de son fils.
En plus de trois ans, la rouquine modèle réduit, la renarde comme on l'appelait parfois, avait grandi pour devenir une jeune fille pleine de vie, appréciée de tout Limoges & des voyageurs venant des quatre coins du Royaume dans la Capitale. La petite Princesse de la famille, adorée & choyée de toute la famille & d’un très grand nombre d’amis qu’elle s’était fait toute seule comme une grande.

- Ma chérie, montre-moi comme tu es belle !

La jeune enfant, du haut de ses presque quatre ans, se retourna tout sourire pour lui montrer sa très jolie robe, surmontée d’une belle veste au col de fourrure. Une sublime création, pour être presque à la hauteur de sa grande sœur, Marie-Amelya.
Se tournant sur elle-même, l’enfant faisait tourbillonner le tissu & faisait voler virevolter ses boucles rousses. Un air connu, qu’une autre rousse avait eu avant elle. Personne n’avait connu Aldraien enfant, mais Alisa en était une image plus que fidèle, en plus raffinée, en bien plus « Princesse » qu’elle ne l’était, ayant grandi jusqu’à huit ans comme fille d’un marchand ambulant & d’une paysanne. En la regardant, la Malemort, la Volcanique comme elle était parfois surnommée par une certaine Etincelle, ne pouvait s’empêcher de sourire avec tendresse. Une tendresse qu’elle éprouvait pour tous ses enfants (& le Très-Haut sait qu’ils sont nombreux) mais Alisa-Nebisa était une sorte de mini-moi qu’elle avait du mal à quitter des yeux plus d’une minute, & qu’elle essayait autant que possible d’impliquer dans ses activités, malgré son jeune âge, tout comme elle l’avait fait pour Marie-Amelya, dès lors qu’elle eut rejoint son foyer, bien que plus âgée alors que ne l’était sa cadette.

- Tu es très belle ma Princesse, je suis sûre que tout le monde va être fière de toi !

Elle dans tout cela ? Elle s’était habillée en accord avec les couleurs que portaient sa petite renarde, une robe chaude qui soulignait son ventre encore marqué par l’accouchement récent, que l’entrainement n’avait pas fini de remodeler, ainsi que les hanches larges & la poitrine opulente. Une robe qu’elle appréciait pour sa grande élégance quoi que marquée par une certaine sobriété.
Prenant sa fille par la main, elles se dirigèrent ensemble vers la chapelle.
Hannibal ne serait pas là, mais cela était prévisible…Où était-il, c’était là la vraie question. Peut-être leur voyage à venir leur permettrait-il de le retrouver, mais là encore, elle avait quelques doutes…Un père absent pour la naissance de ses jumeaux, pour le baptême de sa fille, ne pouvait qu’être dans une situation critique. La trentenaire, à sa place, aurait retourné ciel & terre pour pouvoir retrouver sa famille…Si c’était ce qu’Hannibal avait fait, de toute évidence ça n’avait pas été suffisant. Son souvenir la poursuivait, alors qu’elle arrivait avec sa jeune demoiselle à Ste Hildegarde, Chapelle baptisée en l’honneur de son époux qui lui avait sauvé la vie.

Mère & fille entrèrent, ensemble, dans le lieux de culte où le parrain, l’officiante ainsi que sa fille Marie-Amelya, sublime, étaient déjà présents.

- Bonjour à tous ! Je vous amène notre petite Princesse. Ma fille tu es sublime, heureusement, je crois qu'il n'y a pas de prétendants pour toi parmis nos invités, sinon mes cheveux auraient eu du soucis à se faire !

«On se retrouve plongé dans un autre temps, un autre espace. L'existence se referme. On est pris à son piège. On s'enfonce dans la solitude. Impossible de saisir la main de quiconque. L'époque heureuse apparaît comme une bulle, flottant, légère et inatteignable, au-dessus de nous.»

Comme un père - Laurence Tardieu

Le baptême permet à la vertu de racheter le péché, permet à l’amour de vaincre l’acédie. Un vertueux qui n’est pas baptisé ne se verra pas effacer ses fautes, car Je n’ai pas béni son entrée dans la communauté de Mes fidèles. Mais ne crois pas que le fait d’être baptisé t’autorise à pécher sans vergogne. Ce sacrement n’est que le moyen de vivre dans la vertu. Mais tous ceux qui n’ont pas été baptisés, qu’ils soient enfants ou adultes, si ils n’ont absolument jamais péché, pourront de même accéder au Paradis.”

« Ça t'arrive sans crier gare
Au milieu d'une heure incolore »*


Quoi donc ? Les arrivées.

Son amie et la rousse petit format débutèrent le bal, sa suzeraine de cousine et son fiancé suivirent de prêt. Le fils Cadet de la maitresse du lieu, puis la marraine de la petite Alisa, continuèrent avant que ça en soit le tour d’une brune entraperçue à Limoge une fois ou deux, d’un ex future cousin alias second baptisé du jour et d’un homme qui, si ça mémoire ne lui faisait pas défaut, était un ami de son épouse. A confirmer ou infirmer cela. Il n’y avait donc pas foule mais cela était déjà trop pour le borgne qui salua ici d’une bise sur la joue, là d’une autre sur les cheveux ou la tempe, ou d’une pougnée de main ferme voir d’un simple hochement de tête. A chacun sa manière selon les affinités.

- Je n’ai en effet pas encore eu cette chance, peut-être en aurions-nous l’occasion dans la journée, oui.

Et on change, attention tourné vers la jeune sauterelle.

- Bonjour Victoire … Décidément, seul la cérémonie permettent que l’on se voit ces derniers temps … Bonjour Tugdual.

La suite fut semblable pour chacun.



« Attention, le ballet va commencer »*


Au fait de ballet, c’est la cérémonie qui débuté. La main de sa bientôt filleule dans la sienne, le borgne prit place et entreprit d’écouter. « Un parrain donne l’exemple … Un parrain donne l’exemple … Un parrain donne l’exemple … » Cette simple phrase, il la tourna et la retourna dans son esprit, la répétant inlassablement pour ne pas céder à son envie de détourner le regard de l’abbesse pour trouver une occupation plus distrayante que la messe actuelle. Il l’appréciait, l’officiante, car il lui devait le sauvetage de la célébration de son mariage mais s’était ainsi, plus fort que lui, les cérémonies, il ne s’y faisait pas.

Dire qu’une nouvelle se préparait dans quelques jours pour ces propres filles …

A cette pensée, il coula un regard vers elles, elles se tenaient tranquille. Parfait. Finalement se fut le crédo qui le ramena à l’instant présent. A demi-mot, il récita.

- Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Trés-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotelicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.

Amen



« Dames et cavaliers, avancez »*


A la demande d’évêque et actuel chapelaine du lieu, le jeune lâcha la quenotte de la mini rousse, lui adressant un fin sourire, avant de s’approcher, laissant tout de même la priorité à la marraine, par galanterie.


[hrp]*Extrait de la chason de Céline Dion « Le ballet »[/hrp]

« Tu t'entends lui dire des phrases sans aucun sens
Qu'importe les mots n'ont plus la moindre importance

Car le ballet a commencé »*



Ces questions, mot pour mot ou presque, le borgne les avait déjà entendus au baptême de sa toute première filleule Flora. Un fin sourire lui échappa quand il songea aux réponses donné alors. Mais il se fana vite à la pensée de la petite Fleure et son état actuel et un court instant, il pria le ciel pour qu’il n’échoue pas aussi lamentablement avec Alisa qu’avec sa jeune cousine. Légèrement, il secoua la tête.

Non, elles n’étaient pas comparables, elles n’avaient rien en comment.

Revenant sur l’instant présent, il se concentra de nouveau sur l’officiante. La galanterie voudrait qu’il laisse la parole aux femmes et donc à la marraine mais un coup d’œil à celle-ci lui apprit qu’elle semblait bien plus perdu que lui dans ces songes. Bien, tant pis pour la galanterie. Mais avant de prendre la parole, il hésita un instant : Devait-il offrir à l’officiante une réponse semblable à celle qu’il avait donnée au baptême de Flora ? D'u autre côté, pouvait-il dire autre chose ? Pas vraiment. Alors il opta pour une petite variante.

- J’accepte de la conduire sur le chemin des Vertus. Je jure devant vous, tout ceux ici présent et Aristote de répondre présent si elle s’égare, de la relever si elle venait à trébucher. Je promets également de lui prêter attention et conseil dès lors qu’elle en réclamera le besoin, de répondre à tous les questionnements qu’elle aura et de la guider si elle se perd dans la nuit. Et …

Sur la dernier question, le borgne hésita un instant. L’air de rien, ces mains trouvèrent son dos et les doigts de sa dextre couvrirent ceux de sa senetre pour dissimuler l’index et le majeur croisé aux yeux de tous.

- Et je suis prêt à devenir un modèle en matière d’éducation spirituelle.

Sans qu’il ne puisse s’en empêcher, son œil coula un regard vers Aldraien. S’il y en avait une ici qui pouvait deviner qu’il proférait un mensonge éhonté, s’était bien elle.


* Extrait de la chanson "le Ballet" de Céline Dion

Un service ? Bah non ce n'est pas un service que je t'accorde, simplement un cadeau que j'accepte de t'offrir avec grand plaisir.