[RP] L'infime et la grandiose.

**Kasia** Dim 8 Avr - 11:09

Cherchez pas qui est qui, ça se remarque tout de suite.
La première et la seule qu'on voyait de prime abord, c'était la rouquine à coup sûr. Surtout du point de vue de la brune à son côté, qui n'avait pas vraiment moyen de se voir. Pas envie non plus.
Arrivée directe de Limoges, en soirée, le jour même où elle y avait débarqué. La rouquine, elle venait seulement de la revoir après plusieurs mois au loin, loin des yeux, et loin de tout aussi. La guerre, des rancoeurs stupides, des blessures, et des lettres sans réponses.. Tout ça sans importance.
Maintenant qu'elle l'avait sous la main, elle ne la lâchait plus, pas même des yeux. Bon, ça faisait encore que quelques heures, donc c'était pour cela que ça restait encore suportable.

La Rousse, on la connait. Aldraien Carsenac, maîtresse des lieux, trentenaire, marquée par la vie et par le feu, et pourtant grandiose.
La brune, à côté, est encore ici une inconnue.
Plus petite, beaucoup plus jeune aussi, moins de la moitié de l'âge de l'aînée. Visiblement plus frêle, en prime quoique pas tant qu'une brindille. Le teint pâle du nord, des Flandres, les yeux bleus-gris, cheveux courts sur le crâne, comme un garçon, et vêtue de même. Armée. Au col, une agrafe en insigne de l'ordre de la Dame Blanche. Du genre à se faire discrète tant qu'elle ouvre pas la bouche, mais après ça, garez vous, elle peut mordre.

Un instant distancée par son guide, ou son futur hôte, l'un étant l'autre, absorbée par l'idée d'ancrer la route dans sa tête -ambition de toute façon mise à mal de par le simple fait qu'elle n'arrivait pas à lâcher la Carsenac du regard-, elle talonna sa monture, et remonta à hauteur de la Licorneuse en voyant se profiler ce que son esprit de déduction lui indiqua comme leur probable destination.

"On dirait qu'on arrive... Tu vas m'infliger des formalités d'usage ? Oh, et il va falloir que je me présente à tout l'monde dès l'arrivée ? Parce que j'ai beau faire illusion, j'ai passé ma journée sur une selle moi."

Ce qui devait sans doute expliquer aussi la poussière, les traits tirés, et les yeux rougis par le vent et la fatigue. Encore que le pli qui lui barrait le front devait plutôt ses origines à l'inquiétude et à l'angoisse. Anxieuse de rencontrer la famille qui pouvait hanter ces lieux et les pas de leur suzeraine. La peur de faire mauvaise impression, de se trahir, se ridiculiser aussi. La phobie d'un autre monde dans lequel elle n'avait pas l'habitude de mettre ses pieds, dans lequel elle n'avait pas ses aises.
Après tout, à coup sûr, même les plus jeunes.. Ou presque, pourraient lui en apprendre en matière d'éducation.
Et pour le coup, il était exclu qu'elle montre les dents.. Et encore moins les armes. Sinon, toutes proches qu'elles puissent être, Ald' lui passerait une tannée. Et même du haut de ses quatorze ans presque révolus, elle n'y échapperait pas.

**Aldraien** Lun 16 Avr - 8:46

Connaissez vous cette sensation ? L’oreille qui siffle lorsque quelqu’un parle de vous, en bien ou en mal d’ailleurs ? Bien. Et maintenant, connaissez vous cette sensation de vous sentir épié sans même avoir vu le regard planté sur vous depuis plusieurs minutes ?
C’est exactement ce que ressent la Malemort, alors qu’elle parcourt les chemins la ramenant chez elle.

Combien de fois avait-elle fait ce chemin, qui séparait la Capitale de ses terres ? Inutile de compter, on y passerait la journée. Pourtant, elle ne l’avait jamais parcouru ainsi, jamais elle n’avait pris sa monture pour avaler ces lieues si communes et si étrangères à la fois. D’ordinaire, elle les parcourait dans une voiture - fermée - et ne voyait rien du trajet, sa fenêtre sur l’extérieur étant bien souvent occultée par un des gardes chargés de veiller sur sa sécurité. C’est qu’on n’est jamais trop prudent, et qu’en l’occurrence depuis une certaine tentative d’assassinat, il valait mieux l’être trop que pas assez.
Aujourd’hui, elle leur a semé compagnie.

Elle sait qu’il n’arrivera rien, car elle a la garde du corps certainement la plus efficace du Royaume à ses côtés. Si on l’approchait, nul doute que Kasia taillerait la personne en pièces, avec les dents s’il fallait. Déjà qu’elle n’était pas toujours tranquille quand la jeune femme devait rencontrer l’un ou l’autre de ses proches ; toujours cette appréhension que la brune ne montre un peu trop les crocs, puisqu’elle la savait impulsive.
Un peu comme elle, lorsqu’elle était plus jeune - il y a trèèès longtemps -.

Cette fois, elle a le temps de vraiment profiter du paysage. Destinée, qui n’a plus été montée depuis bien trop longtemps, ne tient pas en place et cherche à accélérer la cadence, si bien qu’elle prend un peu d’avance sur sa compagne de route. C’est que la jument avait autrefois l’habitude des longues chevauchées, de celles qu’on mène sans repos ni halte, sans trainer.
Cette petite accélération a bien entendu ravi la trentenaire, elle également ne tenait plus en place, même si elle le cachait relativement bien ; les chemins lui manquaient parfois, tout comme la vie de liberté qu’elle avait pu mener auparavant, sans gardes pour la suivre partout où elle allait. Elle n’avait jamais si bien fait que de les semer pour rentrer par elle-même avec la Blanche.
Faudrait qu’elle fasse ça plus souvent ; même si ça ferait grincer des dents gardes et famille.

- Ouais. Et même que tu vas devoir me donner du « Votre Altesse » et faire la révérence.

Le visage se tourne vers sa comparse tandis que la voix est restée tout à fait neutre et sérieuse, et devant l’air penaud de la jeune femme, la Malemort ne put qu’éclater de rire. Elle savait très bien que Kasia était très mal à l’aise avec tout ce qui concernait le protocole et l’attitude à tenir face à une noble issue d’une famille illustre - même si ce n’était que par mariage - ; et la taquiner de cette façon avait le don de faire rire aux éclats la trentenaire. Et pourquoi pas, si ça pouvait la dérider ? - Je vous vois venir, non, elle n’a pas de rides du tout ! -

- Je vais te montrer tes appartements, avant de te jeter dans la fosse aux lions. Tu auras le temps de te nettoyer et te changer.

Parce que fallait bien l’avouer, la Kasia elle était bien cracra là !

- Bon retour à Ussac, Baronne !

Et les gardes de se planter au garde-à-vous alors qu’elle passe la porte du domaine au pas, les saluant d’une légère inclinaison de la tête. Bien sûr, ils laisseraient également passer son invitée, ceux qui sont menés ici par la Baronne en personne ont tous les droits sur ses terres, surtout celui de profiter de l’hospitalité de cette dernière.
La Malemort prit alors la direction des écuries afin de confier les montures aux bons soins de Marcel, le Palefrenier attitré de la famille ; puis, enfin, elle se dirigea vers le castel. Imposant, grandiose, une demeure de Malemort quoi. Levant la tête, elle admira une fois de plus l’édifice, heureuse d’en être la propriétaire. Oui, le bâtiment avait de quoi faire des envieux, et la trentenaire le savait, d’où le sourire plein de fierté qui éclairait son visage alors qu’elle s’adresse à Kasia, la tête toujours dans les étoiles.

- Bienvenue chez moi…Fais comme chez toi.

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